📝 Tourments et conflits des personnages
D’une manière générale, je pense que les conflits intérieurs et extérieurs sont deux facettes de la narration, qui ont chacune un intérêt.
Tout d’abord, les conflits entre le héros et son antagoniste (sous n’importe laquelle de ses formes) sont au cœur de beaucoup d’histoires : s’opposer aux manigances d’une organisation, contrecarrer les projets d’un ennemi, découvrir un secret ou un trésor avant l’antagoniste, tout cela est source d’événements et d’aventures qui permettent à l’histoire de s’épanouir.
Les conflits intérieurs, quant à eux, sont l’un des moteurs du personnage et permettent de le rendre plus profond, plus abouti, plus présent. Ils permettent aussi, à mon sens, aux lecteurs d’éprouver des émotions vis-à-vis du personnage : s’attacher à lui ou au contraire le détester, avoir de la peine pour lui, s’identifier à lui ou au contraire s’en détacher. Enfin, grâce à ces conflits intérieurs, on comprend mieux certaines décisions et certains actes du personnage, qu’il soit le héros ou l’antagoniste.
En temps que lectrice, les personnages tourmentés sont ceux qui m’intéressent le plus. Je vois, en temps qu’écrivain, tout le potentiel qu’ils possèdent.
Mes personnages tourmentés
Dans mon écriture, je trouve mes personnages souvent trop lisses, trop héroïques peut-être, pas assez nuancés. C’est l’une de mes difficultés.
C’est quelque chose que j’ai vraiment voulu travailler avec le personnage de Blanche Neige. Dans le conte des frères Grimm, Blanche Neige est une page blanche : aucune passion, aucun caractère, si ce n’est une certaine naïveté et une bonté qui lui fait s’occuper de la maison des nains et accepter chacune des offres de la Reine déguisée.
J’ai voulu la rendre plus humaine, plus complète et, en cherchant à déconstruire certains codes des contes, j’ai créé un personnage, certes d’une grande bonté et d’un grand courage, mais qui est resté traumatisé par toutes les horreurs qu’elle a vécues. J’ai donc travaillé plusieurs choses : les cauchemars, les stress post-traumatique, le sentiment d’avoir été abandonnée par son père, la culpabilité, aussi, pour la manière dont sa belle-mère est morte. Ces traumatismes vont engendrer chez elle des sentiments négatifs et, j’espère, lui donner un peu plus de nuances tout au long du roman.
Parlons aussi de Turold, l’un de mes personnages originaux : c’est un prince, dernier descendant d’une famille royale sans royaume. Possédé par un artefact maléfique pendant des semaines, il a commis des atrocités dont il ne parle pas et l’artefact a encore une emprise sur lui, alors même qu’il a été détruit. Renié par sa propre mère, jaloux du mari de Blanche Neige, il lutte à chaque instant contre cette obscurité qui l’envahit.
Enfin je me suis aperçue en écrivant que mon antagoniste combattait ses ennemis (les héros) en cherchant à manipuler leurs émotions : elle et ses artefacts maudits jouent avec leur désespoir, leur traumatisme, leurs doutes, tous les sentiments négatifs qu’un être humain peut posséder au fond de lui .. C’est quelque chose qui m’est venu naturellement, car je n’avais pas vraiment réfléchi aux caractéristiques de ses pouvoirs. Je suis juste partie du miroir que j’ai transformé en objet maléfique qui manipulait la jalousie de la Reine pour parvenir à ses fins.
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